Découvrez "Horizons Partagés", une exposition numérique unique qui met en lumière les parcours de vie de seniors issu.es de la migration. À travers des portraits émouvants et des récits authentiques, plongez dans la richesse des expériences de 17 personnes qui ont partagé avec nous les moments marquants de leur vie, tant dans leur pays d'origine qu'en Suisse.
Cette exposition vise à valoriser le cheminement de chacun et chacune, en soulignant les aspects positifs de la vie en Suisse tout en abordant les défis rencontrés. Chaque histoire est un témoignage vivant de résilience, d'adaptation et d'enrichissement mutuel.
Immergez-vous dans ces histoires, témoignant de la diversité et de la richesse des vies des seniors.
Explorez, écoutez et laissez-vous inspirer par ces récits qui rappellent que chaque vie est un voyage précieux.
Relevons tout d’abord que la vieillesse n’est pas, en soi, une réalité abstraite, mais une construction sociale et évolutive. Pro Senectute Vaud parle de vieillesses plurielles pour décrire de manière nuancée l’avancée en âge aujourd’hui
selon Marion Zwygart1.
En effet, nous faisons face à un vieillissement de la population et il est important de considérer la pluralité et la complexité des formes de vieillissement face à des représentations sociales univoques relevant souvent une image négative.
Toutefois, les personnes âgées ne constituent pas une population homogène, et comptent de nombreuses personnes, notamment celles issues de la migration, avec des conditions de vie actuelles qui sont la conséquence de leurs parcours de vie précédents. Après la seconde guerre mondiale, la Suisse a fait appel à de nombreux travailleurs et travailleuses venant de pays voisins, tels que l’Italie, le Portugal, l’Espagne ou la Turquie notamment. On percevait les personnes immigrées surtout comme une force de travail utile pour l’économie qui finirait par retourner dans son pays d’origine lors du passage à la retraite. Une partie d’entre elles avaient d’ailleurs aussi ce projet de retour. Or, la réalité est bien plus complexe que cette conception purement utilitariste et temporaire de la migration. Au cours de leur vie adulte, ces personnes ont pour la plupart formé une famille, noué des amitiés et établi divers autres liens informels et institutionnels avec ce pays. Ainsi, la plupart d’entre elles ont décidé de continuer leur vie ici après leur retraite
2. Des personnes âgées sont arrivées en Suisse pour d’autres raisons que ce soit pour fuir un pays dans lequel elles étaient en danger, pour un regroupement familial, ou pour des études et sont restées en Suisse.
C’est dans ce contexte-là que nous avons souhaité inscrire ce projet qui vise à rendre compte de la pluralité des vieillesses selon sa culture et son parcours de vie. Celles-ci peuvent avoir un impact important sur les conditions de vie à la retraite qui ne doivent pas être négligées et qui doivent être prises en considération pour accompagner au mieux l’avancée en âge aujourd’hui. Ce projet permet ainsi de mettre en lumière des valeurs importantes sur lesquelles reposent notre société telles que l’intégration, le lien social, l’inclusion et la cohésion sociale.
- Elsa Thétaz, Animatrice Régionale à Pro Senectute Vaud et Responsable du projet1 Marion Zwygart, Florinel Radu et Nicole Jan, «De quels types d’habitat rêvent les baby-boomers?», REISO, Revue d'information sociale, mis en ligne le 1er octobre 2018, https://www.reiso.org/document/3504. Retour au texte
2 Rétrospective | Personnes âgées immigrées en Suisse, en ligne depuis le 11 février 2020, https://asile.ch/2020/02/11/retrospective-personnes-agees-immigrees-en-suisse/ Retour au texte
Je suis née en Italie et j’y ai vécu jusqu’à l’âge de 72 ans. Au décès de mon mari, je me suis retrouvée seule en Italie.
Je suis arrivée en Suisse en 2022 pour rejoindre ma fille qui habite ici depuis 10 ans.
Je suis retraitée à la charge de l’Italie, je reçois 556 euros.
J’aurais pu faire aussi ma retraite en Italie, mais ça serait différent et j’aurais été seule. Ici aussi c’est différent pour le climat et la nourriture. Et aussi j’ai trouvé ici un groupe de catéchumènes à l’église catholique. Et je téléphone beaucoup à mes copines en Italie.
Avec mes frères, nous étions insouciants. On n’avait pas de jouet mais on avait tout pour jouer. On avait un jardin potager et ma mère faisait des conserves donc on avait toujours à manger. On ne manquait de rien. Ma mère tricotait et cousait tous nos habits à partir d’habits que sa patronne lui donnait.
Cette photo est un souvenir des vrais petits hollandais avec les bas tricotés et les sabots.
Venant de Hollande, le plat pays, j’ai découvert avec émerveillement les montagnes et rapidement elles sont devenues le but de mes randonnées. C’était un changement pour moi. Mon travail d’infirmière me plaisait beaucoup mais mes jours de congé passés à découvrir la Suisse et ses paysages étaient des moments inoubliables.
Mon rêve du début de faire le tour du monde tout en travaillant s’est arrêté en Suisse. Mais je n’ai aucun regret, au contraire.
Maintenant que je suis à la retraite, je prends le temps de participer aux activités des Quartiers Solidaires mais aussi aux after-scrabble où, avec mes amies, nous évoquons la vie quotidienne d’il y a 90 ans.
Ce qui fait des soirées de fous rires pour ces dames, le vendredi est la meilleure journée de la semaine.
Au Brésil, j’avais un salon de coiffure, j’adorais mon travail.
Mon rêve était de venir travailler en Suisse et d’acheter une maison.
Il y a beaucoup de rêves dans les valises. Je suis très heureuse de venir en Suisse avec ma sœur.
Pour moi, ma famille c’est le commencement de tout mon rêve. Je suis partie pour gagner de l’argent pour aider toute ma famille.
Après le décès de ma sœur, j’ai essayé de retourner au Brésil mais il y a des choses qui me manquaient. Je suis heureuse ici, même si je n’ai pas acheté de maison. L’air de la Suisse me rend très heureuse.
Ici, je travaille comme femme de ménage et j’aime mon métier. J’adore le contact avec les personnes, découvrir de nouvelles cultures, ce que je retrouve aussi quand je m’occupe des ongles des autres.
Mon amour pour ma famille est grand mais l’amour pour la Suisse l’est encore plus ! Je ne saurais pas l’expliquer !
Je suis née en Equateur le 6 octobre 1951. Nous étions une famille nombreuse, j’avais 12 frères et sœurs.
À l’âge de 19ans, je suis partie pour le Venezuela. Je travaillais comme coiffeuse et ensuite, je me suis occupée d’enfants dans une famille pendant 5 ans.
J’avais le droit de sortir seulement 2x par mois. Un jour, j’ai rencontré un homme et j’ai pu quitter mon travail. J’ai fait de la couture dans l’entreprise dans laquelle il travaillait.
Je suis restée 20ans au Venezuela, puis je suis partie toute seule pour l’Espagne où je suis restée 3ans. J’ai travaillé pour une famille française, je m’occupais des enfants.
À l’âge de 50ans je suis partie pour la Suisse, car je connaissais quelqu’un qui vivait ici. Cette personne me disait que je serais plus libre en Suisse et que je pourrais plus sortir. J’ai trouvé un emploi de femme de ménage.
Aujourd’hui, j’ai 73 ans et je travaille toujours comme femme de ménage. Je ne peux pas toucher ma rente AVS car je n’ai pas assez travaillé en Suisse et je n’ai pas eu de permis tout de suite car je ne savais pas comment faire.
Je viens tous les mardis pour suivre le cours de français et je fais de la couture à la maison. Le dimanche, je vais à l’Eglise. J’ai pu rencontrer beaucoup de gens et faire beaucoup d’activités.
J’aimerais beaucoup rencontrer d’autres personnes pour améliorer mon français et me sentir plus autonome. Je veux rester en Suisse pour la retraite car je me sens ici en sécurité.
Je suis né dans un petit village dans le sud de l’Italie, dans la province de Bénévent. Après l’école primaire et secondaire, dans les années 50, l’idée m’est venue de migrer plus au nord.
Après un séjour en Toscane et dans le Trentin, au printemps 1961, je suis arrivé en Suisse allemande, et en 1963, je suis passé en Suisse romande. Le changement n’a pas été facile, question culture et alimentaire.
J’avais connu ma femme en Italie et en 1963 on s’est mariés. J’ai travaillé pendant 8 ans dans l’industrie et après je suis passé dans les transports. On a fondé une famille et après 30 années passées en Suisse, on pensait rentrer au pays.
J’habite maintenant à Epalinges depuis plusieurs années.
La famille et les petits-enfants nous retiennent en Suisse et on a abandonné l’idée de partir.
Pour le moment, on avance dans l’âge et on est très contents de vivre en Suisse.
Je suis née en 1948 en Hongrie, très entourée par ma famille. Nous étions une dizaine de personnes à vivre dans un petit appartement à Budapest, après la guerre. Ma vie était simple, sans excès.
La vie était très riche dans cette grande ville comparée à la campagne dans les alentours. Avec mes parents, je pouvais régulièrement me rendre à l’opéra, au théâtre, au musée. L’art était très développé et la population pouvait y participer, le communisme poussant dans ce sens.
À 10 ans, mon père a refusé d’entrer dans le parti et ma famille a dû quitter le pays en traversant l’Autriche à pied, c’était le 27 avril 1958. Nous sommes ensuite arrivés en Suisse allemande puis à l’âge de 20ans, à Lausanne.
L’intégration en Suisse a été très difficile pour tous. Ma mère qui travaillait se faisait insulter par des locaux dans l’usine de cartons. Exclue à cause de la langue que je ne maitrisais pas, j’étais maltraitée physiquement et psychiquement par l’institutrice et les camarades.
Malheureuse, je pleurais souvent d’avoir quitté une ville riche, entourée et culturellement plus développée qu’en Suisse. J’avais l’impression d’avoir tout perdu, la vie en Suisse était décevante, pauvre, rien sur le plan artistique. Pas d’aide pour les nouveaux venus. Un cauchemar. Je refusais d’aller à l’école. Je me suis mariée et j’ai dû interrompre mon activité professionnelle à cause des produits utilisés dans le salon de coiffure. J’ai eu un fils qui est décédé à l’âge de 48ans et j’ai divorcé en 1988.
Actuellement, en Suisse, je suis heureuse dans mon appartement, je n’abuse pas de ma petite retraite, j’économise. J’apprécie de pouvoir utiliser les infrastructures du pays, plus développées qu’en Hongrie, où je retourne parfois visiter mon cousin. Il y a trop de personnes SDF en Hongrie, beaucoup de pauvreté.
Je suis heureuse de pouvoir m’exprimer librement, ce qui n’est pas le cas dans mon pays. Le regard du Suisse se modifie de plus en plus envers les étrangers et j’en suis heureuse.
Je participe régulièrement à des activités à la maison de quartier des Faverges. Pour être soutenue et parler aussi.
Je n’ai plus de défis, plus de stress. Je suis satisfaite de ma vie, super heureuse d’être en Suisse, j’ai ma retraite au bon endroit et au bon moment. Je ne veux pas vivre en Hongrie qui s’est appauvrie et qui n’est plus attractive.
Je suis né au Portugal, à Lisbonne, en 1955. Mes parents étaient pauvres. Ma mère était dans l’agriculture et mon père a acheté un commerce à Porto. J’ai pu faire des études et je ne manquais de rien malgré la pauvreté et la dictature.
À 20 ans, je suis entré dans l’armée puis devais partir me battre en Angola mais la révolution a stoppé cela et ma mère a été soulagée. J’étais très positif envers mon pays, je ne sentais pas la pression politique. J’étais passionné par le football et les sorties avec les copains.
À 27 ans, je suis parti pour la Suisse à Sils Maria, poussé par ma mère, pour rejoindre un cousin qui travaillait dans un hôtel. Le travail de la plonge était dur et le climat enneigé difficile à vivre. L’obstacle de la langue était lourd car j’étais le seul à parler le portugais et je ressentais peu de compréhension des locaux, car ils ne connaissaient pas le portugais.
À Sils Maria, je ressentais beaucoup de solitude, je devais téléphoner depuis chez mes voisins. L’accueil fut difficile au départ, on ne m’a pas aidé. Ensuite, je suis venu à Lausanne et j’ai exercé différents métiers, portier, clown, agent d’entretien puis caviste au Beau-Rivage. Je ressentais aussi beaucoup de solitude car il n’y avait pas ou peu de portugais.
À cause de problèmes de santé, par le football, ma passion, j’ai dû arrêter mon travail au Beau-Rivage et j’ai ouvert un kiosque, soutenu par ma femme que j’ai connue en 1993 dans un restaurant d’Ouchy où j’allais boire mon café.
Nous sommes mariés depuis 38 ans et nous avons eu 2 filles qui sont actuellement psychologue et institutrice. J’ai fait beaucoup de tennis avec mes filles et je fais aussi du jardinage. Mon projet était de retourner au Portugal où habitaient mes parents. Mais ma femme, suissesse, et mes filles voulaient rester en Suisse.
J’aime être avec les gens et parler, mais ce n’est pas facile depuis que je suis à la retraite car j’ai beaucoup moins de contacts. J’aime m’occuper du jardin et faire du sport et j’apprécie aller au cinéma car je possède un abonnement.
Je trouve la vie d’immigré difficile. Je suis immigré ici et étranger au Portugal. La vie ici est chère et la retraite est limitée.
Je suis né le 2 novembre 1947 à Jaffa en Palestine.
Alors que j'avais tout juste 20 ans, j'ai reçu une convocation du gouvernement pour faire le service militaire. Palestinien d'origine, mais jordanien d'adoption, je n'avais qu'un passeport jordanien.
Depuis la Jordanie, je quitté Amman, je n'avais que 75 dollars en poche et traversé divers pays d'Europe, sur environ 6000 kilomètres en auto-stop.
Arrivé en Suisse après 35 jours de voyage, d'autres aventures m'attendaient devant la porte.
En 5 ans, j'ai suivi plusieurs formations y compris le français. En 1976 j'ai reçu ma nationalité Suisse.
Marié, j’ai 2 enfants et 3 petits-enfants.
A mon âge, on a accumulé beaucoup de souvenirs : des joies, des peines, des histoires, des aventures, mais surtout des victoires... et de mon vivant, j'aimerais laisser une trace à mes enfants et petits-enfants, famille et amis car, qui peut dire qui connaît vraiment ses parents, ses frères et ses sœurs ?
Aujourd'hui j'ai 76 ans, je suis toujours actif dans ma formation d'artiste-peintre et je donne divers cours dans diverses sociétés.
Merci à Pro Senectute Vaud pour votre magnifique engagement dans tous les domaines pour aider les seniors.
Je suis arrivée en Suisse en 2002. J’ai travaillé comme femme de ménage dans les bureaux d’une entreprise, ISS, et aussi à l’hôpital Béthanie.
C’était difficile de faire autre chose, parce que je ne parlais pas français. Après, mon mari est tombé malade et je suis devenue proche-aidante. Aujourd’hui nous sommes sous tutelle, parce que mon mari a eu des problèmes avec des pertes d’argent aux jeux et des violences familiales.
Pour moi la retraite ici en Suisse c’est bien. Je suis très contente avec la Suisse. Nous n’avons pas de problème d’argent. Chacun a son budget, pour chaque semaine. Je m’occupe tous les jours de mes petits-enfants, j’en ai trois. Et bien sûr je m’occupe de mon mari malade. C’est très difficile.
Je dis merci à la Suisse. Dans mon pays la vie serait beaucoup moins bien à cause des problèmes sociaux, culturels et politiques.
Née en 1953 en Italie, arrivée en Suisse le 20 mai 1980, mariée à Jean RICHARD en 1984, un enfant vivant en Suisse, et retraitée depuis 2016.
À Bologna, été 1977, je suis chercheure en psychologie sociale du développement cognitif à l’Université.
Ce qui m’amènera en mai 1980 à la Faculté de psychologie et des sciences de l'éducation (FPSE) de Genève, pour 6 mois, à charge du Conseil national de la recherche (CNR) italien selon convention de recherche entre les 2 Universités. Octobre 1980 : à la FPSE on m’offre un poste à 40% d’assistante universitaire. Heureuse. Je rentre souvent à Bologna. Thèse de doctorat à Paris en 1986, nommée maître-assistante à Genève en 1987. Nommée directrice de la Haute école de travail social et de la santé Lausanne (anciennement EESP) en 1988.
À Genève, janvier 1984, pose avec Jean pour réaliser notre faire-part de mariage. Après 3 ans de vie commune, envie de fêter et avoir des enfants ! 1984 : mariage civile à Bologna, les liens avec ma ville sont forts. Nous étions prêts à nous y établir une fois terminé mon doctorat. La naissance de notre fille et l’engagement de Jean par les Éditions Zoé en ont décidé autrement. Succéder à Claude Pahud à 35 ans était un défi énorme : j’ai renoncé à revenir en Italie.
Retraitée en 2016 : 28 ans passés en un souffle, denses, jamais vécu la routine. J’ai amené l’EESP subventionnée par 7 cantons à devenir HES, créant son Unité de recherche en 1989 et l’Unité de formation continue en 1999. Fière d’avoir favorisé le partenariat avec les autres hautes écoles de travail social et les Universités romandes (MAS post-grade conjoint en Travail social créé en 1994). Parfois nostalgique du bon climat de travail entre directions. J’ai adoré construire et négocier le budget chaque année, surmonter des obstacles. Je suis partie heureuse.
À l’Hôtel de Ville de Lausanne, je suis élue au Conseil communal en 2016 et réélue en 2021. Membre des Commissions de Gestion, des Pétitions et de Naturalisation, cette dernière demandant discernement et empathie. Je quitterai en juin 2026. J’ai investi en diverses campagnes de votation mais la vie de parti ne me convient pas. Je profiterai enfin de mon temps de retraitée, m’occupant de mes plantes, ma vraie passion. Je continuerai à présider une Association de quatre crèches-garderies du réseau-L, avec bonheur.
Je suis arrivée en Suisse en 2013 pour un regroupement familial. Au départ mon mari et moi on s’est réunis chez mon fils. Une semaine après mon arrivée j’ai commencé les cours de français à Bellevaux. Malheureusement je n’ai jamais vraiment pu travailler pour des raisons de santé. Mais je me suis engagée comme bénévole à Point d’appui pour vendre des habits. Ensuite j’ai continué le bénévolat chez Caritas où j’aide à préparer à manger.
C’est une activité que je fais d’ailleurs encore aujourd’hui. En plus de mes engagements bénévoles je continue les cours de français et je m’occupe de mes petits-enfants.
Pour moi être en Suisse c’est être en sécurité. Ici il n’y a pas la guerre, tout le monde peut aller à l’hôpital et être soigné, il y a des médecins et des gens qui s’occupent de nous. En plus je suis avec mon fils et mes petits-enfants, c’est tout ce que je voulais.
Cette photo noir et blanc a été prise quelques mois avant notre déménagement des USA jusqu’en Suisse. J’allais sur mes 11 ans. A cet âge-là, la famille compte beaucoup. Tant que j’étais avec mes proches j’étais parfaitement à l’aise. L’idée de quitter mon pays ne me faisait pas peur, je n’avais aucune appréhension – nous allions vivre cette nouvelle aventure ensemble. Mes parents ont su nous y préparer, ont su nous en donner envie.
Depuis mon arrivée en Suisse, presque toutes mes photos sont en couleur. Me voici peu après avoir débarqué à Lausanne lors de ma première course d’école, un concept que je découvrais. Bien des choses étaient différentes, pas de jeans mais du velours côtelé, pas de bus scolaire mais des transports publics, pas d’anglais mais du français, pas d’école publique mixte mais une école privée de filles ! Ce qui ne changeait pas c’est que je n’étais vraiment à l’aise qu’à la maison.
Lorsqu’on me demande mes origines, je réponds souvent que c’est compliqué. Mon père était Ukrainien, ma mère Américaine et j’ai passé la plus grande partie de ma vie en Suisse. Je reste attachée aux trois pays. Il m’arrive de dire que je suis moitié Américaine, moitié Ukrainienne et 100% Suissesse. Il faut dire que si un match international se joue entre la Suisse et les USA, je vais porter mon t-shirt rouge à croix blanche et crier Hop Suisse !
Je ne cherchais pas vraiment une nouvelle activité pour la retraite. Il y a six ans lorsque j’ai suivi une visite guidée après laquelle on a demandé qui était intéressé par la formation de guide. Ma main s’est levée toute seule ! Depuis je découvre toujours de nouvelles choses sur ma ville et j’ai le privilège de les partager ensuite non seulement avec les touristes, mais aussi avec les gens d’ici, jeunes et vieux. Cette photo devant la cathédrale est également symbolique puisque ma foi est une constante quel que soit le pays où je me trouve.
Je suis née au Pérou le 4 novembre 1948. J’ai vécu 26 ans au Pérou puis à l’âge de 33 ans je suis partie vivre au Venezuela car mon mari travaillait là-bas. Au Venezuela, je m’occupais des enfants. Nous sommes restés vivre durant 23 ans au Venezuela.
À l’âge de 56ans je suis partie toute seule pour la Suisse. J’ai pris rapidement des cours de français. En raison de problèmes de santé, je n’ai pas pu beaucoup travailler. J’ai quand même travaillé pendant quelques temps en tant que femme de ménage. Je suis restée 3 ans en Suisse toute seule. J’ai dû prendre la retraite quelques années avant en raison de problèmes de santé.
Actuellement, j’ai 76 ans et je viens tous les mardis à « Français en jeu » pour le cours de français. Je peux aussi parler le français avec ma voisine de palier. Elle m’apprend le français et je lui apprends l’espagnol. En raison de mes problèmes de santé, il est difficile pour moi aujourd’hui de faire mon ménage et j’aurais besoin d’aide mais pour le moment je le fais encore toute seule.
Je souhaite vraiment faire ma retraite en Suisse, car je vis ici depuis 20 ans, le Pérou n’est plus chez moi. Aussi, je n’aimerais pas retourner au Pérou, car je ne me sens pas en sécurité là-bas.
Ce qui est aussi difficile pour moi aujourd’hui est un profond sentiment de solitude en raison de la langue et de mes problèmes de santé.
Je suis née en France, à Pontarlier en 1942, à quelques kilomètres de la frontière suisse.
En 1943, la guerre fait rage, le quotidien est difficile. Les denrées de première nécessité manquent cruellement.
J’ai 20 ans et je travaille en Suisse comme frontalière. À 6h du matin, départ pour Ste-Croix. Les Fabriques Paillard-Bolex (boites à musique) recrutent. Le travail est intéressant et bien rémunéré.
En 1966, pour éviter les trajets quotidiens avec mon mari, nous nous installons définitivement à Ste-Croix. L’intégration est facile, nous parlons la même langue et la fondue et les röstis, nous connaissons.
En 1976, je suis une maman solo, je travaille dans des domaines variés qui me donnent l’occasion de côtoyer des mondes cosmopolites. Mon cercle d’amis s’agrandit et je décide de m’impliquer dans le bénévolat ; théâtre pour enfants et accompagnatrice lors de sorties proposées aux patients d’Eben-Hézer. Ainsi va la vie pendant des décennies.
En 2006, l’heure de la retraite a sonné. Il va falloir s’occuper. Pas de problème, j’ai un petit-fils sur qui veiller et chaque matin, au bistrot, journal et café. Mais j’ai encore besoin de bouger. J’ai trouvé une idée. M’occuper des aînés, faire des randonnées, visiter les musées et organiser des dîners.
Vivre en Suisse pour les retraités n’est pas forcément aisé mais pas question de retourner dans le pays où je suis née.
Je viens d’une famille d’une fratrie de 6 enfants. Ma maman faisait la haute couture avec ma grand-mère paternelle qui avait un grand magasin spécialisé dans les chapeaux, robes de baptême, robes de mariée, etc. Mon papa était dans la mécanique des navires.
J’étais élevée dans une famille très stricte. La religion faisait partie de notre famille (j’étais cheffe des louvetaux, je faisais du théâtre, etc).
Très bonne élève, je n’ai pas pu aller jusqu’au BAC, car les écoles étaient payantes. Pendant les vacances scolaires, on allait aider à la Croix-Rouge. J’ai pris aussi des cours de dactylographie.
J’ai fait la connaissance de mon défunt époux à l’Île Maurice. On s’est fiancés le 14 février 1974.
Mon futur époux est parti pour faire les démarches administratives, y compris visite moralité de sa famille. Il a fallu presque 9 mois pour obtenir tous les papiers nécessaires pour le mariage (délai trois mois) en Suisse. J’ai terminé mon diplôme de dactylographie. J’ai commencé comme aide de bureau, employée de bureau, assistante cheffe de bureau puis ensuite dans une assurance comme secrétaire, responsable téléphoniste et réceptionniste.
J’ai fait de nombreuses activités : recensement citoyen avec mon époux, du bénévolat à l’Ecole Steiner de Crissier, scrutatrice pendant les votations, les cartons du cœur en famille avec nos deux fils puis aussi de la gymnastique, du badminton, du scrabble, de la marche, etc.
Malheureusement l’année passée, j’ai fait un infarctus et maintenant j’ai une hernie discale.
Après toutes ces années de travail, ce n’est pas facile de vive en Suisse à la retraite. Surtout que l’on doit continuer de payer les impôts, l’abonnement de bus, etc. Après les paiements, il nous reste quoi pour vivre ? Dans plusieurs pays, les retraité.es ne paient pas les transports publics ou les impôts. Ils ont une participation pour les lunettes, les dents, l’assurance maladie. Si j’avais su, je n’aurais jamais dû autant travailler comme je l’ai fait. Faire comme ceux qui ont travaillé peu et à la retraite, qui bénéficient de l'aide sociale.
Je suis née au Brésil et y ai vécu jusqu’à l’âge de 26 ans.
Je suis arrivée au pays du chocolat en 1987. Lors de ma première visite en Suisse, j'ai trouvé ce pays vraiment magnifique.
J'y ai étudié et travaillé, et ces années sont passées très vite. J'étais extrêmement heureuse. Un jour, par pur hasard, j'ai suivi un cours sur les fleurs, ce qui a éveillé en moi une passion inattendue. Cette passion m'a ensuite conduit à devenir fleuriste.
Aujourd'hui, je profite pleinement de ma retraite et de mes enfants, qui sont diplômés. Je vis très bien et je suis comblée.
Je suis arrivé du Sri Lanka en décembre 2012.
Dès avril 2013 j’ai fait aide cuisine et travaillé à la caisse dans un restaurant qui s’appelle Dilapia restaurant. J’ai trouvé cette place en allant simplement là-bas et en disant que je cherchais du travail.
Au début je ne parlais qu’en anglais avec mes collègues et les clients, mais j’ai appris à parler français petit à petit là-bas.
En 2018 j’ai changé de travail et je suis engagé dans un magasin d’alimentation, le Mini Market à côté de la clinique Cécile à Lausanne.
Aujourd’hui tout ça c’est fini, je ne travaille plus, mais je peux m’investir pour les cours de français.
Pour moi vivre en Suisse c’est magnifique. Je trouve les gens très gentils et la Suisse très jolie. J’ai d’ailleurs même reçu la nationalité suisse ! Je suis très content.
Je suis ravie de vous présenter l’équipe de bénévoles dévoué.es qui a joué un rôle essentiel dans la réalisation de cette exposition numérique unique, mettant en lumière les portraits et les récits de personnes âgées issues de la migration.
Ces bénévoles, animé.es par une passion commune pour la valorisation des histoires de vie, ont mis à profit leurs compétences variées, allant de la photographie à la narration, en passant par la gestion de projet. Leur engagement inébranlable et leur motivation sans faille ont été les piliers de ce projet magnifique.
C'est grâce à leur travail acharné et à leur créativité que nous avons pu donner vie à cette exposition, qui célèbre la richesse des parcours de vie et l'importance de la mémoire collective. Nous tenons à les remercier chaleureusement pour leur temps, leur énergie et leur dévouement. Leur contribution a été précieuse et a permis de créer un espace de partage et de réflexion autour des expériences des personnes âgées migrantes.
Merci à l’ensemble de l’équipe des bénévoles pour leur engagement exceptionnel !
Claudia Delvecchio, diplômée en Sciences du Sport et actuellement étudiante à la Haute Ecole de Travail Social de Lausanne, j'ai accepté cette aventure lors d'un stage en Travail Social Communautaire effectué chez Pro Senectute Vaud.
En tant que photographe amateure, ce projet était un défi pour moi. Ce qui m'a motivée était le fait d'apprendre à connaître les parcours de vie uniques des personnes issues de la migration. Mais j'estime que ces dernières ne sont pas uniquement définies par leur passé et la photographie est alors un bon moyen de revenir au présent et à l'être humain.
Mon intérêt pour la photographie a commencé avec l'apprentissage du développement de pellicules argentiques.
Depuis, je photographie de façon spontanée, avec une préférence pour les portraits et photographies de rue.
Je suis d'avis que la diversité des parcours de vie de nos seniors est une réelle source d'inspiration qui mérite d'être partagée.
Ce projet de Elsa Thétaz pour Pro Senectute Vaud a été une occasion précieuse pour rencontrer de nouvelles personnes et mettre en valeur leurs récits migratoires.
J’ai décidé de participer à ce projet, en tant que bénévole, pour remercier Pro Senectute Vaud d’avoir créé, à Pully, un "Groupe de Séniors". Ceci s’est fait il y a quelques années avec Antoine Favrod. Ce groupe de séniors s’est divisé en plusieurs groupes d’activités, dont celui que j’ai créé : les photographes ! Et le tout fonctionne toujours.
La photographie est une de mes activités préférées. Je suis retraité depuis longtemps, mais ce passe-temps m’occupe depuis de nombreuses années.
Michel Bovay, passionné de photographie, architecte de formation et photographe indépendant depuis 2012, spécialisé dans le domaine de la construction et de l'architecture.
Intéressé par les sujets les plus divers, notamment les portraits, c'est avec plaisir que je me suis proposé à participer à ce projet de Pro Senectute Vaud.
Plus d'informations sur mon site www.michelbovay.ch
Après des années de soins et d'activités auprès de personnes de tout âge, ma retraite me permet de m'adonner à des projets, en toute liberté et plaisir, dans le cadre de Pro Senectute Vaud, entre autre. Cela me permet de garder un contact avec l'extérieur, de maintenir des compétences et mes connaissances, de m'informer sur des nouveautés, de garder ma confiance en moi...de me découvrir.
J'ai un intérêt pour les voyages, les arts, et je prends des cours divers, comme l'anglais, etc. Il y a tant de choses à faire...
Melanie Rengifo est étudiante en communication à l'ECAL, avec un premier diplôme en sciences politiques de l'URJC à Madrid. Elle travaille actuellement comme stratège en communication pour le programme de LLM en droit des affaires internationales à l'Université de Fribourg.
Avec un parcours académique diversifié, elle intègre des perspectives stratégiques et analytiques issues des sciences politiques avec une exécution créative pour façonner des stratégies de communication visuellement percutantes.
Melanie est également passionnée par la photographie documentaire et de mode, ayant participé à des festivals tels que le Rotterdam Photo Festival, Vevey Image et à d'autres plateformes culturelles.
Je m'appelle Morgane Caux, j'ai 24 ans, et je suis une française récemment arrivée en Suisse depuis moins d'un an. Actuellement, je travaille dans le secteur de la grande distribution. En parallèle, je me suis engagée bénévolement au sein d'une association pour créer des liens intergénérationnels et favoriser les rencontres.
Dans ce cadre, j'ai eu l'opportunité de participer à un projet de développement d'une page web dédiée à la valorisation des personnes âgées issues de l'immigration. Cette page web est conçue comme une véritable exposition virtuelle, présentant des photos et des témoignages de ces individus. Mon engagement dans ce projet repose sur le désir d'inclure et de mettre en lumière des personnes souvent sous-représentées. En rendant visibles leur parcours et leurs contributions à travers cette plateforme, nous espérons non seulement reconnaître leur impact, mais aussi renforcer leur inclusion au sein de notre société.